L'IA et la gestion des risques d'entreprise : ce qu'il faut savoir en 2025

L'IA transforme le paysage de la gestion des risques d'entreprise en aidant les organisations à anticiper les menaces, à prévenir la fraude et à rationaliser la conformité à grande échelle.

Le risque fait partie de la vie des entreprises. Mais pour les plus grandes, les enjeux sont importants. Fraude financière, failles de cybersécurité, non-conformité réglementaire : chacun de ces éléments peut faire dérailler les opérations, nuire à la réputation et coûter des millions.

C'est pourquoi la gestion des risques d'entreprise (ERM) est essentielle. Les entreprises ont besoin d'un moyen d'identifier les collaborateurs à fort potentiel, d'évaluer leur impact et de réagir avant que les petits problèmes ne se transforment en véritables crises.

Le défi ? Les méthodes conventionnelles de gestion des risques sont lentes, réactives et ont souvent du mal à suivre le rythme des menaces actuelles en constante évolution. L'Intelligence Artificielle (IA) change la donne en allant au-delà de la seule analyse des risques : elle les prédit. L'IA détecte les fraudes en temps réel, automatise les évaluations fastidieuses et révèle des tendances que les analystes humains pourraient manquer.

L'Intelligence Artificielle renforce les cadres de gestion des risques en les rendant plus solides et proactifs. Plutôt que de réagir aux crises, les entreprises peuvent anticiper les menaces, prévenir leur escalade et prendre des décisions stratégiques éclairées qui protègent à la fois leurs opérations et leur réputation. En fait, cette capacité à anticiper les risques apparaît déjà comme un avantage concurrentiel majeur pour les entreprises en 2025.

Selon Gartner, moins de 20 % des responsables des risques d'entreprise répondent aux attentes en matière d'atténuation des risques.

État des lieux de la gestion des risques d'entreprise

Depuis plusieurs dizaines d'années, la gestion des risques d'entreprise repose sur une combinaison entre données historiques, reporting opérationnel et intuition humaine. Les entreprises évaluent les risques en se basant sur les incidents passés, les tendances sectorielles, les profils de risque et les exigences de conformité, puis élaborent des cadres de gestion des risques pour surveiller et atténuer les menaces potentielles.

Bien que cette approche soit certes structurante, elle s'accompagne de limitations importantes, en particulier dans le contexte économique data-driven et en constante évolution que nous connaissons aujourd'hui. Une récente enquête de Gartner a révélé qu'en moyenne, les propriétaires de risques au sein de l'entreprise réalisent des performances inférieures aux attentes de leurs responsables.

Moins de 20 % fournissent des informations de haute qualité sur les risques potentiels, présentent une vision équilibrée des risques ou atteignent la réduction des risques prévue par les plans d'atténuation.

Les défis de la gestion conventionnelle des risques

En matière d'ERM, les écarts résultent souvent d'une dépendance à des approches traditionnelles et de plus en plus obsolètes de la gestion des risques. Malgré les nouveaux outils technologiques disponibles pour soutenir l'ERM, de nombreuses entreprises dépendent encore de feuilles de calcul, d'audits manuels ou de rapports statiques pour suivre les risques.

Ces méthodes sont chronophages, sujettes aux erreurs humaines et n'offrent aucune visibilité en temps réel sur les menaces émergentes. Les principaux défis de la gestion conventionnelle des risques incluent :

  • Des temps de réponse lents : les méthodes conventionnelles ne détectent souvent les risques qu'une fois qu'ils ont déjà causé des dommages.

  • Des données cloisonnées : les équipes de gestion des risques ont du mal à relier les informations clés entre les différents services, ce qui rend difficile d'obtenir une image complète des risques à l'échelle de l'entreprise.

  • Des menaces de plus en plus complexes : les atteintes à la cybersécurité, les fraudes financières et les changements de réglementation évoluent plus rapidement que les évaluations manuelles des risques ne peuvent le faire.

  • Le surcroît de travail lié à la conformité : l'évolution des exigences réglementaires nécessite une surveillance constante, mais les processus traditionnels alourdissent l'adaptation aux nouvelles règles.

Les dirigeants d'entreprises de services financiers estiment que l'utilisation de l'IA pour la détection des fraudes et la conformité est une priorité majeure au sein de leur organisation.

L'impact de l'IA

Les menaces évoluant plus rapidement que les modèles de risque traditionnels, les entreprises ont besoin d'une approche plus intelligente et plus adaptative. C'est là qu'intervient l'IA pour l'ERM, en comblant les lacunes, en automatisant les processus de gestion des risques et en offrant aux équipes la rapidité et la précision nécessaires pour garder une longueur d'avance.

Les dirigeants d'entreprises en prennent bonne note, en particulier dans les secteurs hautement réglementés. Selon une enquête de KPMG, les cadres du secteur des services financiers privilégient l'IA pour améliorer la détection et la prévention des fraudes (76 %) et la gestion de la conformité et des risques (68 %).

En intégrant l'IA dans la gestion des risques d'entreprise, les organisations adoptent une approche plus intelligente et plus proactive qui atténue les menaces et peut transformer la gestion des risques en avantage concurrentiel.

Les cinq leviers de la transformation de l'ERM par l'IA

L'Intelligence Artificielle donne aux entreprises la possibilité d'aller plus vite, de voir plus loin et d'agir plus tôt. Au lieu de réagir aux risques après leur apparition, les entreprises peuvent les anticiper et les atténuer. Voici cinq façons dont l'IA est déjà en train de remodeler la gestion des risques d'entreprise.

Évaluation des risques optimisée par l'IA

Trop souvent, les entreprises s'appuient sur des rapports obsolètes, des données incomplètes ou tout simplement leur instinct. L'IA change la donne en fournissant des insights data-driven en temps réel.

  • Traitement de jeux de données massifs en quelques secondes : l'IA analyse simultanément les transactions, les journaux de sécurité et les données opérationnelles, détectant les risques que les analyses manuelles pourraient manquer.

  • Détection de schémas avant l'apparition des problèmes : le Machine Learning identifie les tendances, signale les anomalies et aide les équipes de gestion des risques à anticiper les menaces émergentes.

  • Prédictions : les modèles basés sur l'IA prévoient les risques financiers, de cybersécurité et d'atteinte à la réputation, ce qui donne aux entreprises le temps d'agir, plutôt que de seulement réagir.

Détection et prévention de la fraude

La fraude représente un risque financier énorme et une menace sérieuse pour la confiance des acteurs impliqués. L'IA renforce la détection des fraudes en identifiant les activités suspectes en temps réel et en arrêtant les acteurs malveillants avant qu'ils ne puissent causer des dommages.

  • Identification des problèmes potentiels : l'IA analyse les schémas de comportement et les historiques de transactions pour signaler immédiatement toute activité inhabituelle.

  • Apprentissage et adaptation : les modèles d'IA évoluent au fil du temps, améliorant continuellement leur capacité à détecter de nouvelles tactiques de fraude.

  • Blocage proactif des fraudes : les outils d'authentification et de détection d'anomalie pilotés par l'IA empêchent les transactions malveillantes, réduisant ainsi les risques financiers et d'atteinte à la réputation.

Automatisation des processus d'atténuation des risques

Les équipes chargées de la gestion des risques ont plus de responsabilités que jamais, mais les processus manuels les ralentissent. L'IA accélère les workflows en gérant les tâches de routine, en réduisant les erreurs et en facilitant la mise en conformité réglementaire.

  • Automatisation des contrôles de conformité : l'IA croise instantanément les politiques et les réglementations, ce qui aide les entreprises à toujours se tenir prêtes aux audits.

  • Support instantané : les chatbots et assistants virtuels alimentés par l'IA aident les collaborateurs à explorer les politiques relatives aux risques sans avoir à attendre une réponse.

  • Élimination des erreurs coûteuses : en standardisant les évaluations des risques, l'IA réduit les biais humains et les omissions.

L'IA dans la cybersécurité et la protection des données

La meilleure stratégie de cybersécurité ? Stopper les attaques avant qu'elles ne se produisent. L'IA rend cela possible en analysant l'activité réseau et en prévenant les violations de données avant qu'elles ne s'aggravent.

  • Détection instantanée des activités inhabituelles : l'IA reconnaît les comportements anormaux à travers les systèmes et alerte les équipes de sécurité avant tout dommage.

  • Protection des données sensibles : l'IA surveille en permanence les points d'accès et garantit ainsi la sécurité des informations confidentielles.

  • Renforcement de la cyberrésilience : les modèles prévisionnels aident les entreprises à anticiper les vulnérabilités et à renforcer leurs défenses avant que les attaquants ne puissent les exploiter.

L'IA dans la conformité réglementaire

Les exigences réglementaires évoluent sans cesse, et les entreprises ne peuvent se permettre de prendre du retard. L'IA simplifie la gestion de la conformité en automatisant les vérifications, en soutenant la prise de décision basée sur les risques et en assurant la transparence du reporting réglementaire.

  • Anticipation des évolutions réglementaires : l'IA aide les entreprises à se conformer au RGPD, au COSO, à la loi sur l'IA de l'UE et à d'autres réglementations mondiales en surveillant en continu les changements de politiques et en automatisant les contrôles de conformité.
  • Amélioration de la prise de décision basée sur les risques : les insights générés par l'IA aident les équipes de conformité à évaluer plus efficacement les risques et à garantir l'alignement réglementaire dans l'ensemble des opérations métier.
  • Priorisation de la transparence et de la responsabilité : les systèmes IA doivent pouvoir être explicables et vérifiables, ce qui permet aux entreprises de suivre les processus décisionnels et de maintenir la confiance réglementaire.

Les exigences réglementaires évoluent sans cesse, et les entreprises ne peuvent se permettre de prendre du retard.

Les défis et les risques de l'IA pour l'ERM

L'IA améliore certes de nombreux aspects de la gestion des risques d'entreprise, mais elle n'est pas sans présenter certaines limitations. Une enquête menée par l'ERM Initiative de la North Carolina State University a révélé que les menaces de cybersécurité se classent parmi les 10 principaux risques mondiaux identifiés par les dirigeants dans un avenir proche, mais il en va de même pour les disruptions liées à l'IA.

Pour garantir que l'IA atténue les risques existants sans en créer de nouveaux, les équipes de gestion des risques doivent maîtriser l'art de gérer des enjeux tels que les biais, l'explicabilité et la dépendance excessive à l'automatisation. Plus encore, ils ont besoin d'un partenaire de confiance lors de la mise en œuvre de l'IA pour garantir la transparence à chaque étape.

Les biais de l'IA dans l'évaluation des risques

La qualité de l'IA dépend des données qui l'alimentent. Si ces données sont biaisées ou incomplètes, les modèles d'IA ne se contentent pas de refléter ces défauts, ils les amplifient. Dans les domaines de la détection des fraudes, de l'évaluation financière et de la sécurité, cela peut signifier signaler par erreur des transactions légitimes ou passer à côté de vraies menaces.

Sans contrôle, une IA biaisée peut entraîner des décisions discriminatoires, des manquements à la conformité et des atteintes à la réputation. Les entreprises doivent continuellement auditer leurs modèles d'IA, améliorer la diversité des données d'entraînement et mettre en place des garde-fous garantissant l'équité dans l'évaluation des risques.

Erreurs dans la prise de décision de l'IA

L'IA travaille vite, mais la vitesse n'est pas toujours synonyme de précision. Les faux positifs peuvent bloquer des transactions légitimes, frustrer les clients et créer des goulots d'étranglement inutiles. Les faux négatifs sont encore plus risqués, car ils permettent à la fraude, aux failles de sécurité ou aux violations de la conformité de passer inaperçues.

Contrairement aux humains, l'IA ne se remet pas en question. Elle suit des modèles, qu'ils soient bons ou mauvais. Les entreprises ont besoin d'un suivi en temps réel, d'une supervision humaine et d'ajustements continus des modèles pour que la gestion des risques liés à l'IA reste précise et fiable.

Dépendance excessive à l'égard de l'automatisation

L'IA peut traiter les données à grande échelle, détecter des tendances et automatiser l'évaluation des risques, mais l'automatisation complète est un pari risqué. Les entreprises qui font une confiance aveugle à l'IA – sans vérifier les résultats – s'exposent à des problèmes de conformité, à des risques juridiques et à des disruptions opérationnelles. 

L'IA doit venir appuyer la prise de décision humaine, et non la remplacer. Les stratégies de gestion des risques les plus solides utilisent l'IA pour gérer les tâches exigeantes en données tout en laissant aux humains le contrôle des décisions finales. Les entreprises qui trouveront cet équilibre avanceront plus rapidement, atténueront les risques de manière plus intelligente et transformeront l'IA en atout sans perdre le contrôle.

L'IA doit venir appuyer la prise de décision humaine, et non la remplacer.

La question de l'explicabilité et de la responsabilité

La gestion des risques pilotée par l'IA ne fonctionne que si les entreprises peuvent expliquer la manière dont les décisions sont prises. Trop de modèles d'IA fonctionnent comme des boîtes noires, offrant des résultats sans transparence. Il s'agit là d'un problème majeur, en particulier dans les secteurs réglementés où les décisions doivent être justifiées, vérifiables et défendables.

Si l'IA signale une entreprise comme présentant un risque élevé ou refuse un prêt, les entreprises ont besoin d'explications claires, et pas seulement de probabilités. Construire la transparence dans les modèles d'IA est essentiel à la fois pour la conformité et la confiance.

Préoccupations réglementaires et implications éthiques

L'IA évolue rapidement, et les régulateurs s'efforcent de suivre le rythme. Les réglementations, telles que la loi sur l'IA de l'UE et le RGPD, établissent des normes strictes en matière de transparence, d'équité et de responsabilité dans les décisions pilotées par l'IA. Les entreprises qui ne se conforment pas à ces réglementations s'exposent à des sanctions pour non-conformité, à des risques juridiques et à des disruptions opérationnelles.

Au-delà de la réglementation, il appartient également aux entreprises de garantir que les décisions guidées par l'IA soient éthiques. L'IA détermine quelles transactions sont signalées comme frauduleuses, qui obtient l'accès aux services financiers et comment les menaces de sécurité sont priorisées.

Lorsque l'IA prend des décisions erronées ou biaisées, les conséquences vont au-delà des manquements à la conformité. Non seulement les entreprises qui investissent dans la transparence et la responsabilité réduiront les risques, mais elles instaureront également une confiance plus solide et durable avec leurs clients et les régulateurs.

Surmonter les résistances internes à l'adoption de l'IA

L'IA transforme certes la gestion des risques, mais son adoption n'est pas toujours sans difficulté. Si la plupart des dirigeants sont confiants dans la capacité de l'IA à transformer les pratiques de l'entreprise, la moitié des collaborateurs seulement partagent le même niveau d'enthousiasme. Ces derniers s'inquiètent naturellement du remplacement de leur poste, et la résistance à l'inconnu peut freiner une véritable utilisation de l'IA dans l'entreprise.

Pour que le déploiement de l'IA soit un succès, la technologie n'est pas suffisante : les entreprises ont besoin de confiance, d'alignement et d'une stratégie de mise en œuvre claire. La meilleure façon de surmonter la résistance aux nouvelles pratiques de gestion des risques est d'adopter une approche structurée :

  • Positionner l'IA comme un outil d'accompagnement et non de remplacement : l'IA ne remplace pas les emplois, elle élimine les tâches manuelles afin que les équipes de gestion des risques puissent se concentrer sur la stratégie et l'analyse.

  • Prioriser la transparence et l'explicabilité : les décisions prises par l'IA doivent être claires, vérifiables et faciles à comprendre, et non pas cachées derrière des algorithmes opaques.

  • Introduire l'IA progressivement : l'exécution de modèles d'IA parallèlement à l'évaluation traditionnelle des risques permet aux équipes de comparer les résultats, d'instaurer la confiance et d'affiner les processus avant l'adoption complète.

  • Veiller à l'alignement de l'IA sur les exigences réglementaires : l'IA doit renforcer la conformité, et non la compliquer. De solides cadres de gouvernance permettent aux entreprises de devancer l'évolution des réglementations.

  • Proposer des programmes de formation et d'upskilling : investir dans la formation à l'IA permet aux équipes de se sentir capables d'exploiter au mieux les nouveaux outils plutôt que menacées par l'automatisation.

L'IA ne peut avoir un impact positif que lorsque les collaborateurs l'adoptent pleinement. Lorsque les entreprises misent sur la formation, la transparence et une approche équilibrée de l'automatisation, l'IA devient un atout, et non une source d'incertitude.

L'IA et l'avenir de la gestion des risques

L'IA ne se contente pas de remodeler la gestion des risques d'entreprise : elle redéfinit la manière dont les entreprises anticipent les menaces, les évaluent et y répondent. Les entreprises qui intègrent l'IA de manière stratégique aujourd'hui ne gagneront pas seulement en efficacité, elles adopteront une approche prédictive et en temps réel des risques que les méthodes traditionnelles ne peuvent égaler.

Mais l'adoption de l'IA ne suffit pas à son succès. Il faut pour cela une mise en œuvre réfléchie, une supervision claire et un équilibre solide et durable entre les capacités des machines et l'expertise humaine. L'IA doit toujours accroître le pouvoir d'action des équipes de gestion des risques, et non les remplacer.

À mesure que les risques se multiplient et deviennent de plus en plus imprévisibles, les entreprises qui adoptent pleinement l'IA pour la gestion des risques d'entreprise iront au-delà de la simple atténuation : elles gagneront en agilité, en résilience et en confiance pour transformer l'ERM en avantage concurrentiel.

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