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Travailleurs de première ligne : quels défis à relever ?

Les collaborateurs de première ligne constituent la majorité des effectifs mondiaux, mais se sentent pourtant souvent moins soutenus que leurs homologues de bureau. Les dirigeants doivent faire preuve d'empathie pour s'attaquer de front aux défis rencontrés par leurs équipes en première ligne.

Médecins discutant dans un couloir

Qu'est-ce qu'un travailleur de première ligne ? 

Les travailleurs de première ligne, ou collaborateurs front-line, sont les employés essentiels opérant sur le terrain. En contact direct avec les clients ou la production, ils ne disposent généralement pas de bureau fixe. Ils constituent le moteur opérationnel et la majorité de la main-d'œuvre mondiale.

Les collaborateurs front-line représentent près de 2,7 milliards de personnes dans le monde. Qu'il s'agisse de médecins, d'infirmiers, de chauffeurs-livreurs, de vendeurs en magasin ou d'équipes de production, ils façonnent la réputation des marques et sont ceux avec qui les clients interagissent et sur lesquels ils comptent au quotidien.

Pourtant, malgré leur rôle crucial dans tous les secteurs, les travailleurs de première ligne continuent de faire face à des défis significatifs : risques de sécurité, pressions sur la santé mentale, inégalités salariales, fracture technologique et perspectives d'évolution professionnelle floues. 

Lorsque ces défis ne sont pas traités de manière adéquate, ils contribuent à un turnover plus élevé et créent des pénuries d'effectifs qui nuisent aux performances. Pour garantir la réussite de leur entreprise, les dirigeants doivent s'assurer de manière proactive que les conditions de travail sont appropriées, que l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée est respecté et que les collaborateurs peuvent exprimer leurs préoccupations en toute sécurité. 

56 % des entreprises connaissent un turnover front-line supérieur à la moyenne et 49 % s'attendent à ce qu'il augmente dans un avenir proche.

La pénurie de travailleurs de première ligne : quels facteurs motivent le turnover ?

Alors que les collaborateurs front-line quittent leur poste à la recherche d'une plus grande flexibilité, de meilleurs salaires et avantages sociaux, et d'un emploi moins stressant, les employeurs doivent faire face à une pénurie de travailleurs de première ligne.

Globalement, cette pénurie de collaborateurs front-line s'explique par un décalage entre le rôle crucial que jouent les collaborateurs essentiels dans la réussite de l'entreprise et le niveau de soutien et de considération culturelle qu'ils ressentent au travail. Lorsque cette fracture n'est pas réparée, il devient plus difficile pour les entreprises de maintenir la confiance et la cohésion, ce qui fragilise encore plus la fidélisation, la performance et la résilience à long terme.

Plus que jamais, il est essentiel de reconnaître les défis auxquels sont confrontés les collaborateurs front-line et de faire preuve d'un leadership basé sur l'empathie, le soutien et la responsabilisation.

 

Six défis majeurs pour les travailleurs de première ligne

Les problèmes rencontrés par les travailleurs de première ligne sont de nature différente de ceux observés dans les environnements de bureau ou de travail à distance. Le travail en de terrain exige une présence physique et une capacité d'adaptation constante, ce qui laisse aux collaborateurs moins de flexibilité pour gérer leur vie quotidienne et engendre un stress professionnel plus important. Voici les six principaux défis signalés par les collaborateurs front-line dans leur expérience de travail actuelle.

1. Sécurité dans les environnements à haut risque

Les collaborateurs front-line dans des secteurs comme la santé, l'industrie manufacturière et la logistique sont régulièrement confrontés à des risques qui menacent leur santé et la continuité des opérations. Les horaires longs, le travail physique répétitif et l'exposition à des dangers physiques font qu'ils sont davantage sujets aux blessures et à la fatigue chronique.

Même si la pandémie de COVID-19 a permis de comprendre à quel point les collaborateurs front-line sont exposés, les risques de sécurité restent un défi en raison de l'évolution des normes de conformité et du manque de ressources.

2. Burnout en hausse et pression sur la santé mentale

Les postes à forte pression exposent les collaborateurs front-line à un stress constant provoqué par des clients exigeants, des situations de crise et des horaires longs. Le burnout est un autre défi majeur identifié par les managers de proximité, et les femmes occupant des postes front-line sont 50 % plus susceptibles que les hommes de faire part d'une détérioration de leur bien-être.

Au-delà de son impact sur la santé individuelle, le burnout des collaborateurs peut également perturber la continuité de l'activité. Stress intense et épuisement contribuent à l'absentéisme, à une baisse de productivité et à des interactions tendues avec les clients, autant d'éléments qui fragilisent les performances de l'entreprise.

3. Rémunérations, horaires et effectifs instables

Les collaborateurs de première ligne indiquent que la pression salariale et la recherche de meilleurs salaires et avantages sociaux sont la principale raison pour laquelle ils quittent leur poste. Dans le même temps, il est souvent plus difficile de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée en raison d'horaires irréguliers et d'un manque de personnel, ce qui crée une insatisfaction à long terme qui dépasse la simple question de la rémunération. 

Lorsque ces défis se cumulent (tensions financières, planification instable et manque de personnel adéquat), de nombreux collaborateurs se sentent incapables de tenir longtemps à ces postes.

Une enquête récente menée auprès de plus de 7 500 collaborateurs front-line a révélé que 87 % d'entre eux ne sont pas certains d'être inclus dans la culture de leur entreprise.

4. Mobilité et avancement de carrière limités

Les collaborateurs front-line se sentent souvent déconnectés de la culture de leur entreprise et incertains quant à leurs perspectives d'évolution professionnelle au sein de l'organisation. Selon une enquête récente menée auprès de plus de 7 500 collaborateurs front-line, 87 % d'entre eux ne sont pas certains d'être inclus dans la culture de leur entreprise, et 13 % seulement entrevoient une possibilité d'évolution de carrière.

Les collaborateurs qui ne voient pas comment leur emploi s'inscrit dans les valeurs et la culture de l'entreprise ou comment leur carrière peut évoluer au sein de celle-ci auront davantage tendance à aller voir ailleurs.

5. Fossé digital : le terreau des inégalités

Les collaborateurs front-line n'ont souvent pas accès aux mêmes outils digitaux que leurs homologues qui travaillent dans les bureaux. Des problèmes tels qu'un accès inadéquat aux RH, des systèmes obsolètes et des barrières de communication aggravent les inégalités et limitent la productivité.

Avec l'essor de l'IA, une attention accrue a été portée sur les défis liés à la fracture technologique en première ligne. Une étude du Boston Consulting Group a révélé que lorsqu'il existe un fort soutien du leadership pour l'adoption de l'IA en première ligne, le sentiment positif à son égard augmente de 40 %. Malheureusement, seul un quart des collaborateurs de première ligne estime recevoir ce soutien de la part de leur employeur actuel.

6. Attrition élevée : une facture salée

Les taux de turnover front-line demeurent à des niveaux critiques. Alors que plus de la moitié des entreprises enregistrent un taux d'attrition supérieur à la normale et que les coûts de remplacement grimpent en flèche (les estimations varient considérablement, mais le coût de remplacement d'un seul collaborateur peut aller de 30 % à 200 % de son salaire annuel), l'attrition a un impact significatif sur la stabilité financière tant des employeurs que des collaborateurs. Au-delà des implications financières, un taux d'attrition élevé perturbe également la continuité du service et peut entraîner une baisse de la satisfaction des clients.

Pour réduire ces coûts, il est essentiel que les entreprises améliorent l'expérience des collaborateurs front-line. Pour cela, les dirigeants doivent s'assurer que les collaborateurs bénéficient d'une rémunération adéquate et de prestations de santé appropriées, et reconnaître que ces derniers jouent un rôle crucial dans les performances de l'entreprise.

Stratégies pour soutenir les travailleurs de première ligne

Les entreprises qui dépendent des collaborateurs front-line ne peuvent pas se permettre de négliger leurs besoins. Les dirigeants doivent prendre des mesures concrètes et spécifiques qui tiennent compte des réalités quotidiennes du travail en première ligne. Les stratégies suivantes décrivent ce que vous pouvez faire dès maintenant pour renforcer l'expérience collaborateur front-line et développer une résilience à long terme au sein de vos équipes.

Donner la priorité au bien-être des collaborateurs

Les collaborateurs front-line qui ont un fort sentiment d'appartenance sont deux fois plus susceptibles de rester dans leur entreprise. En d'autres termes : un fort soutien au bien-être des collaborateurs favorise une fidélisation et un engagement accrus sur le long terme.

Il est essentiel d'aller au-delà des avantages ponctuels et superficiels, et d'intégrer le bien-être au cœur des opérations quotidiennes. Donnez à vos managers les outils et les compétences nécessaires pour discuter régulièrement de la charge de travail et du stress, et ouvrez des canaux clairs et confidentiels où les collaborateurs pourront faire part de leurs préoccupations.

De petits changements structurels, comme l'intégration de pauses de récupération dans les longues périodes de travail, suffisent pour démontrer que le bien-être est une véritable priorité de l'entreprise.

L'appartenance doit également être cultivée intentionnellement. Les programmes de reconnaissance, les initiatives de mentorat et les efforts d'inclusion visibles peuvent aider les collaborateurs front-line à se sentir davantage liés à votre mission globale.

Faire preuve de flexibilité et de transparence

Des horaires exigeants et peu flexibles constituent l'un des aspects les plus éprouvants du travail en première ligne. En raison de la nature du travail front-line, il est impossible d'éliminer toute la rigidité liée à la planification et aux horaires de travail, mais les dirigeants peuvent apporter de réelles améliorations à l'expérience collaborateur en agissant sur ce qu'ils peuvent changer et en communiquant efficacement à ce sujet.

Tout d'abord, il est important de noter que la flexibilité se présente sous différentes formes. Elle englobe le fait de pouvoir choisir où, quand et comment travailler, ainsi que les opportunités de formation et de développement, et les avantages sociaux.

49 % des dirigeants de première ligne investissent dans la formation et le développement de leurs collaborateurs front-line, contre 36 % dans l'ensemble.

Aborder la question de l'équité salariale et de la reconnaissance

L'équité salariale pour les collaborateurs de première ligne progresse et il existe des moyens concrets d'intégrer complètement l'équité salariale et la reconnaissance dans la stratégie de gestion des effectifs. En voici quelques-uns :

  • Audits réguliers de la paie : comparer les rémunérations aux normes du secteur

  • Priorité à l'équité : évaluer les niveaux de rémunération en fonction des rôles et des données démographiques pour garantir une distribution transparente et équitable de la paie

  • Ajustements proactifs : apporter des changements en cas d'inégalités et faire preuve de transparence dans le processus de révision

  • Programmes de reconnaissance : célébrer publiquement les réussites et les récompenser ouvertement (par le biais de primes, d'augmentations ou d'autres formes de reconnaissance)

Ce type de bonnes pratiques est essentiel pour faire de l'équité salariale un élément positif de l'expérience collaborateur, qui permet aux talents de se sentir valorisés et compense les défis et les facteurs de stress inévitables dans le cadre de leur travail.

Demander régulièrement du feedback aux collaborateurs

Les collaborateurs sont les mieux placés pour parler de l'expérience collaborateur et de la manière dont elle peut être améliorée. Les dirigeants front-line avisés savent qu'il est essentiel de mettre en place des canaux de communication où chacun peut s'exprimer librement, afin que les collaborateurs front-line se sentent écoutés et réussissent dans leur travail.

Workday a constaté que les collaborateurs qui sont sollicités pour un feedback au moins une fois par mois sont 2,3 fois moins susceptibles d'envisager de quitter leur emploi et 2,5 fois plus susceptibles de recommander leur employeur à d'autres personnes.

Lors de l'enquête, les collaborateurs ont indiqué qu'ils préféraient donner du feedback de manière hebdomadaire ou mensuelle.

Les dirigeants peuvent encourager cette démarche en mettant en place des canaux de contribution simples et cohérents, tels que de brèves enquêtes digitales, des réunions d'équipe animées par les managers ou des groupes de discussion tournants. Intégrer le feedback des collaborateurs dans les workflows existants rend le processus plus naturel, augmente la participation et fournit aux dirigeants des insights réguliers sur lesquels ils peuvent agir rapidement.

Créer une meilleure expérience front-line

Les défis auxquels sont confrontés les collaborateurs front-line et les dirigeants sont interconnectés. Les questions de sécurité, de santé mentale, de rémunération, d'accès à la technologie et de fidélisation façonnent la réalité quotidienne de la majorité des effectifs mondiaux.

Les entreprises les plus efficaces y répondent en élaborant des stratégies fondées sur l'empathie et renforcées par les données. Les dirigeants qui écoutent vraiment leurs collaborateurs et transforment leurs retours en actions significatives renforcent l'engagement, réduisent le turnover et améliorent les résultats de l'entreprise.

En définitive, créer une meilleure expérience front-line revient à reconnaître que ces collaborateurs sont des acteurs clés de la résilience organisationnelle. En les soutenant, en les responsabilisant et en les dotant des ressources dont ils ont besoin, les entreprises peuvent renforcer les expériences clients et instaurer une croissance durable.

Plus de la moitié des dirigeants d'entreprise sont préoccupés par les pénuries de collaborateurs et seuls 32 % d'entre eux sont convaincus que leur entreprise dispose des compétences nécessaires pour réussir. Découvrez comment l'IA transforme la gestion des compétences dans ce rapport.

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