Marché du prêt-à-porter : les 5 enjeux actuels

Quelles sont les cinq tendances qui transforment le marché du prêt-à-porter en France ?

Le marché du prêt-à-porter en France traverse une période de profonde transformation. Face à une inflation persistante, à l'incertitude géopolitique et aux tensions sur les chaînes d'approvisionnement, les entreprises du secteur de l'habillement doivent adapter leurs stratégies pour maintenir leur compétitivité. De plus, la rareté des talents, tant au niveau des collaborateurs en magasin que des experts digitaux, complique davantage la situation. Pour comprendre les dynamiques actuelles du marché et les défis à venir, il est crucial d'identifier les forces qui façonnent ce secteur. Cet article explore les cinq tendances majeures influençant le marché de l'habillement, en fournissant des données et des analyses pour mieux appréhender l'impact de ces tendances sur les ventes, les produits et les stratégies des entreprises de prêt-à-porter.

1 - L'inflation et le paysage économique et géopolitique

L'inflation actuelle exerce une pression considérable sur le marché de l'habillement, entraînant une augmentation des coûts de production, notamment ceux des matières premières et de l'énergie. Cette situation pousse les entreprises à répercuter ces hausses sur les prix de vente, affectant ainsi le pouvoir d'achat des consommateurs et réduisant les ventes de vêtements et d'accessoires. Entre 2022 et 2023, la fréquentation des points de vente a enregistré une baisse de -2,8%.

En parallèle, l'incertitude géopolitique ajoute une couche de complexité, perturbant les chaînes de grande distribution et augmentant les délais de livraison. Les tensions internationales, combinées aux fluctuations des devises, créent un environnement instable pour les acteurs du secteur. Une enquête réalisée par McKinsey indique que 62 % des dirigeants du secteur considèrent l'instabilité géopolitique comme le principal risque pour la croissance, suivi de la volatilité économique (55 %) et de l'inflation (51 %).

Pour faire face à ces défis, les entreprises doivent repenser leurs stratégies. La gestion efficace des coûts et l'optimisation des ressources deviennent essentielles pour maintenir les marges bénéficiaires. Certaines enseignes choisissent d'innover en diversifiant leurs sources d'approvisionnement et en investissant dans des technologies de pointe pour améliorer leur résilience face aux perturbations économiques et géopolitiques.

L'impact de ces enjeux sur le chiffre d'affaires est significatif, soulignant l'importance de l'adaptabilité dans un contexte économique volatile. Selon les données récentes, le secteur du prêt-à-porter a vu ses marges se réduire, obligeant les entreprises à trouver un équilibre entre rentabilité et satisfaction des consommateurs. En outre, les initiatives ESG (Environnement, Social, Gouvernance) deviennent des éléments clés pour attirer et fidéliser une clientèle de plus en plus consciente de l'impact de ses choix de consommation.

Ces dernières années, les chiffres clés du marché mondial de l'habillement montrent une tendance vers la grande diffusion de vêtements de seconde main et une augmentation des ventes à distance. En 2021, le commerce en ligne représentait environ 20 % des ventes au détail mondiales et ce chiffre devrait atteindre environ 25 % des ventes mondiales au détail d'ici 2025​. Les chaînes de grande distribution et les grands magasins sont également affectés par ces dynamiques, nécessitant des ajustements continus pour maintenir leurs parts de marché dans le commerce de détail. Les acteurs doivent donc se préparer à répondre aux nouvelles attentes des consommateurs tout en naviguant dans un environnement économique et géopolitique incertain.

2 - La « grande hésitation »

La « grande hésitation » représente un défi majeur pour le secteur de l'habillement. Ce phénomène est caractérisé par une incertitude croissante parmi les collaborateurs concernant leur avenir professionnel, ce qui se traduit par un turnover accru et une difficulté à fidéliser les talents. En magasin, comme dans les usines, le manque de visibilité sur les plannings et des rémunérations peu concurrentielles contribuent à un taux élevé de turnover, fragilisant la continuité des opérations.

Cette instabilité dans les effectifs a un impact direct sur les performances commerciales. Les ventes en ligne et en magasin pâtissent d'une baisse de la qualité du service client, tandis que l'innovation stagne faute de compétences spécialisées. Selon les rapports, les acteurs du prêt-à-porter français doivent redoubler d'efforts pour attirer et retenir des talents digitaux, indispensables pour répondre aux nouvelles exigences du commerce et du e-commerce.

Pour répondre à cette crise des talents, les entreprises adoptent des stratégies variées. Certaines misent sur la flexibilité et l'amélioration des conditions de travail, offrant des avantages compétitifs et des opportunités de développement de carrière. D'autres investissent dans la formation continue et le reskilling, afin de doter leurs collaborateurs des compétences nécessaires pour évoluer dans un marché en constante mutation.

De plus, l'intégration de technologies de pointe, comme l'intelligence artificielle et le machine learning, permet d'optimiser la gestion des ressources humaines. Ces outils offrent une meilleure organisation des plannings, alignant les compétences des collaborateurs aux besoins opérationnels, tout en améliorant leur expérience de travail. Les données montrent que ces initiatives peuvent réduire l'absentéisme et améliorer la satisfaction des employés, contribuant ainsi à stabiliser les effectifs et à renforcer la performance globale.

3 - L'évolution des attentes des consommateurs

Les attentes des consommateurs en matière de mode évoluent rapidement, poussées par une prise de conscience accrue des enjeux environnementaux et sociaux. Les consommateurs d'aujourd'hui exigent des produits non seulement de haute qualité, mais également éthiques et durables. Pour les entreprises de prêt-à-porter, cela signifie intégrer des pratiques responsables tout au long de leur chaîne de valeur, de la production à la vente en ligne et en magasin.

L’ESG devient ainsi un critère clé pour attirer et fidéliser une clientèle de plus en plus soucieuse de l'impact de ses achats. D’après l’étude « Les cinq forces qui façonnent le marché de l'habillement », les enseignes qui réussissent à intégrer ces valeurs dans leurs opérations voient une augmentation notable de leur chiffre d'affaires. Les initiatives telles que l'utilisation de matériaux recyclés, la réduction de l'empreinte carbone et la transparence des pratiques de production sont désormais des impératifs pour rester compétitif sur le marché.

Par ailleurs, les consommateurs recherchent des expériences d'achat personnalisées et engageantes. L'essor du commerce omnicanal a transformé les attentes, avec une demande croissante pour des interactions fluides entre les canaux physiques et numériques. Les marques doivent donc investir dans des technologies de pointe pour offrir des expériences d'achat cohérentes et sans friction. Des applications mobiles intuitives, des sites internet performants et des services client réactifs sont essentiels pour répondre à ces nouvelles attentes.

Notre étude souligne que l'adaptation à ces nouvelles exigences peut avoir un impact significatif sur la vente de vêtements et la fidélisation des clients. En France, les entreprises de mode qui ont su se démarquer par leur engagement en matière de responsabilité et leur capacité à personnaliser l'expérience client ont enregistré des performances supérieures à la moyenne du marché.

4 - La pression persistante sur la supply chain

La supply chain du secteur de l'habillement est soumise à des pressions continues qui affectent la capacité des entreprises à maintenir des marges bénéficiaires stables. Les augmentations des coûts de l'énergie et des matériaux, exacerbées par des perturbations logistiques mondiales, créent un environnement où les marges sont constamment mises à l'épreuve. Selon les données récentes, les coûts de production ont significativement augmenté, impactant directement le chiffre d'affaires des entreprises de mode.

Les tensions sur la supply chain sont amplifiées par les disruptions causées par des événements géopolitiques et des catastrophes naturelles, qui ralentissent les processus de production et de distribution. Les entreprises doivent non seulement gérer ces imprévus, mais aussi anticiper les fluctuations des prix et les délais de livraison prolongés. Pour y parvenir, une révision stratégique des opérations est nécessaire.

Certaines entreprises de prêt-à-porter en France et ailleurs ont commencé à diversifier leurs sources d'approvisionnement pour réduire leur dépendance à des régions spécifiques et atténuer les risques associés. D'autres investissent dans des technologies avancées pour améliorer la visibilité et la traçabilité tout au long de leur chaîne d'approvisionnement. Ces technologies, telles que les systèmes de gestion de la supply chain basés sur l'IA, permettent une meilleure gestion des stocks et une optimisation des processus logistiques.

L'optimisation des coûts relatifs aux effectifs est également cruciale. En utilisant des outils de planification avancée, les entreprises peuvent mieux contrôler le turnover et la productivité des équipes, ce qui réduit les heures supplémentaires et l'absentéisme. De plus, la formation continue des employés permet de maintenir un niveau élevé de compétence et de flexibilité, essentiel pour s'adapter rapidement aux changements du marché du textile.

5 - Le caractère essentiel des défis liés aux talents

Le secteur de l'habillement fait face à des défis considérables en matière de gestion des talents.  La « grande hésitation » continue d'entraîner une attrition élevée des collaborateurs front-line et des salariés de l'industrie manufacturière. Cette situation est exacerbée par la rareté des talents digitaux, essentiels pour soutenir l'innovation et maintenir les flux de revenus. En France, comme ailleurs, les entreprises du prêt-à-porter doivent trouver des solutions pour attirer, fidéliser et développer les compétences nécessaires pour rester compétitives.

L'impact de la pénurie de talents se manifeste de plusieurs façons. Les effectifs vieillissants et le faible roulement intergénérationnel signifient que de nombreuses entreprises manquent de compétences spécialisées, longues à acquérir. Cette situation limite leur capacité à innover et à répondre rapidement aux évolutions du marché. Selon les données récentes, le manque de talents spécialisés dans le domaine digital ralentit l'adoption de nouvelles technologies et freine l'expansion des ventes en ligne.

Pour relever ces défis, les entreprises doivent adopter une approche holistique de la gestion des talents. Investir dans des programmes de reskilling et d'upskilling permet de doter les collaborateurs des compétences nécessaires pour les nouvelles exigences du marché. La formation continue, soutenue par des technologies avancées comme l'IA et le machine learning, offre des opportunités de développement professionnel et personnel, renforçant ainsi l'engagement et la fidélisation des employés.

Les stratégies de recrutement doivent également évoluer pour former une nouvelle génération de talents. Offrir des environnements de travail flexibles, des opportunités de développement de carrière et des conditions de travail améliorées sont des facteurs clés pour séduire les jeunes collaborateurs. En parallèle, la promotion de la diversité et de l'inclusion au sein des équipes permet de créer une culture d'entreprise dynamique et innovante.

Enfin, la transparence et la reconnaissance sont essentielles pour renforcer la motivation des collaborateurs. En offrant une vision claire des opportunités de progression de carrière et en valorisant les contributions de chacun, les entreprises peuvent créer un environnement de travail positif et stimulant. Les données montrent que les entreprises qui réussissent à intégrer ces éléments dans leur stratégie de gestion des talents enregistrent des performances supérieures en termes de productivité et de satisfaction client.