Au pied du mur, les entreprises ont dû agir en temps réel et pas uniquement sur le sujet de la digitalisation. Qu’est-ce que cette situation inédite a révélé des organisations selon vous ?
David Layani : L’accélération des tendances est gigantesque. Une entreprise digitale est une entreprise agile dans son organisation et sa culture. Cela va effectivement bien au-delà de la seule technologie.
La crise a considérablement accéléré des tendances existantes et donné une nouvelle dimension à des éléments clés. Comme la question de la sécurité des salariés et l’enjeu d’en prendre soin, notamment avec le télétravail.
Sur le sujet des technologies, les entreprises outillées ont pu résister beaucoup plus vite. Avec le travail collaboratif et à distance, nous avons démontré qu’on pouvait faire face de manière extrêmement rapide à ces enjeux. Et de manière sécurisée. C’est ce qu’on appelle l'agilité organisationnelle !
Dernier point : le sens ! Avec nos clients, nous avons travaillé la raison d’être, comme les modèles de service digital : modèle de vente et de distribution.
La crise a montré que les entreprises qui s’adapteront le plus vite pourront s’en sortir.
Justement, qu’est-ce que la crise a radicalement changé au sein de vos propres entités ?
Dirk van Leeuwen : Nous avons réussi à mettre 70 % de nos collaborateurs en télétravail en l’espace de deux semaines. Une prouesse là où l’on ne télétravaillait pas du tout ! Ce mode de travail que nous appelions de nos vœux est totalement rentré dans les habitudes. Ça ne choque plus personne aujourd’hui. Et cela a mis en évidence notre agilité organisationnelle et des capacités d’adaptation importantes sans rupture d’activité notoire.
Notre métier est nativement distanciel puisque l’on s’occupe des clients de nos clients à distance. Mais précédemment, nous étions tous sur le même site pour répondre aux demandes. Nous avons maintenant un rôle à jouer pour éviter que le naturel ne revienne trop vite au galop avec des modèles anciens. Nous expliquons que les niveaux de performance ont été similaires, voire supérieurs, avec ces nouveaux modèles de travail. Ils apportent de la flexibilité, du bien-être et même du pouvoir d’achat aux collaborateurs !
Entre le présentiel et le distanciel, de nombreux secteurs sont pleinement entrés dans un monde hybride. Comment trouver le bon dosage ?
David Layani : La recherche de cet équilibre va être permanente. Il va falloir prendre en compte les individualités car tout le monde ne vit pas les choses de la même manière.
Chez Onepoint, nous nous inscrivons dans cette logique. D’abord en repensant tous nos lieux : moins de postes fixes et beaucoup plus d’espaces collaboratifs. En pleine crise, nous avons même signé pour 4 000 m2 supplémentaires !
Avec une idée forte développée depuis des années : à mesure que nous allions investir dans les technologies, nous allions proposer davantage de mobilité dans les entreprises. Tout en renforçant le lien humain.
Nous avons sondé nos salariés dans certains services et régions : 80 % plébiscitent le télétravail au moins à mi-temps… mais avec une envie folle de retrouver leurs collègues et continuer à innover ensemble !
Dans notre projet de construction de locaux de 5 000 m2 à Nantes, nous avions prévu 250 postes de travail et des espaces collaboratifs. Pendant la crise, nous sommes passés à 180 postes et avons augmenté les espaces collaboratifs. Tout ceci en faisant « un deal » avec les salariés : ils auront un mi-temps à la maison mais l’autre moitié, ils seront plus mobiles partout en France.
Mais il faut aussi permettre à ceux qui le souhaitent de travailler complètement en présentiel. Le meilleur des deux mondes est possible et démontre une agilité qui a été particulièrement appréciée.