Un système pourrait signaler un turnover anormalement élevé pour un certain type de rôle et de profil collaborateur, par exemple les jeunes ingénieurs logiciels. « Vous pourriez ensuite déterminer la logique de leur départ, et ne pas vous contenter d'intensifier vos efforts de recrutement, précise Nicole Carrillo. Vous pourriez identifier les raisons qui les ont poussés à partir et commencer à modifier les rôles et les responsabilités pour réduire les points de fiction. »
Une plateforme RH qui intègre l'IA et le ML peut également identifier les lacunes actuelles et anticiper les besoins à court terme en matière de talents, optimiser l'affectation des ressources et encourager une gestion inclusive des collaborateurs. Par exemple, le fait qu'un salarié se déconnecte toujours tôt de son poste de travail pourrait indiquer qu'il souhaite bientôt démissionner. Ces insights prédictifs permettent aux RH d'anticiper les écarts de compétences et les futurs postes à pourvoir avant que l'entreprise ne soit en difficulté, note Nicole Carrillo.
« Ici, l'intérêt consiste à identifier les anomalies et à formuler des suggestions, précise-t-elle. Les analyses prédictives alimentées par l'IA et le ML peuvent mettre en évidence des événements et tendances à court terme en matière de personnel, ce qui permet aux leaders d'anticiper les écarts et besoins émergents. »
Le grand transfert de connaissances
L'une des tendances à court et moyen terme auxquelles les banques sont confrontées en termes de personnel est déjà très claire : les effectifs vieillissent rapidement. D'ici 2030, 150 millions d'emplois seront occupés par des collaborateurs âgés de 55 ans et plus. La vague de départs à la retraite chez les baby-boomers est déjà bien engagée, ce qui menace les opérations quotidiennes car les entreprises perdent des collaborateurs expérimentés ayant accumulé plusieurs dizaines d'années de connaissances.
L'IA et le ML peuvent également aider les RH à gérer ces enjeux générationnels en matière de talents, explique encore Nicole Carrillo. Les banques ne pourront pas embaucher suffisamment de personnes pour prendre les rênes de toutes les opérations, et encore moins les former avant que les vétérans ne tirent leur révérence. Surmonter cet enjeu de transfert de connaissances peut constituer un précieux terrain d'essai pour la capture de connaissances soutenue par l'IA générative.
« Ces machines peuvent apprendre en suivant les actions des collaborateurs, pour ainsi dire, afin de documenter les procédures opérationnelles et de formuler des recommandations en termes de formation », poursuit Nicole Carrillo, en soulignant que toutes les suggestions des outils doivent être validées par des humains. « Et ces supports seront probablement meilleurs qu'une simple liste de tout ce que je fais, car ces outils peuvent apprendre de mes actions. »
En ce qui concerne la gestion des vagues de départs à la retraite, l'apport de ces technologies est considérable pour les banques. « Cela va permettre de réduire les écarts de connaissances entre les personnes dotées d'un solide savoir-faire qui quittent l'entreprise et celles qui commencent juste à se familiariser avec les opérations », ajoute Nicole Carrillo. Imaginez un chatbot capable d'accompagner un nouveau salarié en lui rappelant de ne pas oublier certaines étapes lors d'une procédure ou d'obtenir certaines approbations avant de poursuivre son travail.
Entraînés sur des quantités gigantesques de données, « ces outils vont aider les collaborateurs à être plus efficaces dans leur travail », explique Nicole Carrillo.
Lancer un mouvement axé sur les compétences
L'IA et le ML sont sur le point de révolutionner la cohabitation entre le personnel et la technologie dans le secteur bancaire, y compris au sein de la fonction RH et des rôles individuels. Face au changement qui se profile à l'horizon, les leaders doivent répondre à deux questions essentielles.
Pour Nicole Carrillo, les dirigeants doivent se demander quel avenir du travail ils envisagent dans un environnement alimenté par l'IA et le ML, et comment ils comptent atteindre cet objectif. « Les dirigeants doivent laisser de côté leurs anciennes habitudes et hypothèses, et adopter de nouvelles façons de penser et de travailler », explique-t-elle.